mardi 26 juin 2007

Haїti-Justice: un juriste dénonce les conditions de détention des mineurs

« Un enfant rentre en prison, un criminel en sort », a indiqué le juge Heidi Fortuné qui dénonce le fait que les mineurs partagent des cellules avec des adultes, ajouté aux conditions de détention infrahumaines dont ils sont l’objet.

« Il faut être conscient que les penseurs de nos prisons n’ont jamais eu le souci de prévoir dans nos maisons d’arrêt une section pour le placement des mineurs. Ces derniers sont gardés dans des cellules où logent des adultes ; ils vivent la vie de la prison à travers les cris, les bruits et les conversations de leurs ainés », postule maître Fortuné qui est juge d’instruction au Cap-Haitien.

Une fois qu’ils sont passés par ces centres de détention, ils n’auront pour modèle que des grands criminels qui auront été leurs « professeurs de prison » en leur inculquant ruses, astuces et violence.

Cette situation, pour le moins regrettable, n’interpelle cependant pas les responsables du système judiciaire, les législateurs, les hautes instances gouvernementales et internationales, les organismes de défense des droits humains, poursuit le magistrat.

Pourtant, selon les Règles de Beijing, le bien fondé de la justice pour mineur est la recherche du bien-être de ce dernier. Qu’ils aient commis un délit, cela n’explique pas le fait qu’ils soient soumis à l’influence négative des délinquants adultes, presque sans la possibilité d’être réhabilités.

« La plupart des juges passent outre et ne s’intéressent même pas à la situation des mineurs en prison. Tant qu’ils sont là, ils sont tranquilles disent certains d’entre eux », indique Me Fortuné.

« En Haїti, un enfant se trouve derrière les barreaux faute de structures correctionnelles adaptées à son statut et à la nature du délit qui lui est reproché ; sans oublier les mauvais traitements, il est battu, soit pendant l’arrestation, soit à son arrivée au centre pénitentiaire », dénonce-t-il.

Ces pratiques constituent une violation systématique de la loi, car selon la loi du 7 septembre 1961 il est prévu une procédure spéciale et des centres spéciaux pour détenir les mineurs conformément à la nature de l’infraction commise: centres d’accueil, maisons de rééducation, de traitement ou de correction, etc…

Selon magistrat Fortuné, « les prescrits de la loi concernant les mineurs ne sont pas respectés parce que l’État n’a pas tenu ses engagements ni pris ses responsabilités ».

Plusieurs centaines de mineurs croupissent dans les prisons haïtiennes. Au niveau de la capitale, les mineurs partagent une prison avec des femmes au commissariat de Delmas 33.

CJD/HPN

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